Aimait-elle jouer avec ses poupées?

Paris, 15 juillet 1931,

Aujourd’hui, c’était ma fête de neuf ans. J’avais tellement hâte que maman me dise quelle était cette surprise qu’elle m’avait préparée! Alors, j’ai enfilé ma robe préférée et je me suis rendue au rez-de-chaussée où, enfin, elle m’a annoncé que nous allions visiter l’exposition coloniale! Plusieurs de mes copines l’avaient déjà visitée avec leur famille depuis l’ouverture en mai. Elles m’en avaient beaucoup parlé. Je n’avais aucune idée que cette journée allait devenir mon meilleur cadeau d’anniversaire.

J’avais peine à y croire… Je me trouvais à l’entrée principale de l’exposition située à la porte Dorée. Nous avons cheminé tout droit vers la partie consacrée à l’Indochine, là où on y retrouvait la reproduction du palais d’Angkor Vat. C’était la première fois que j’apercevais un bâtiment d’une telle taille à l’allure si exotique. J’ai appris que le vrai monument est au Cambodge et je m’imaginais sa splendeur.

Nous arrivions en suite au lac, où nous avons embarqué dans un petit bateau qui nous a fait faire le tour en nous informant des différents sites qu’on peut apercevoir. Nous avons alors débarqué près du jardin zoologique.

J’ai toujours du mal à croire aux animaux qui étaient présents dans ces petits enclos! Il me semblait bien difficile d’imaginer que ces espaces soient assez grands pour certaines de ces bêtes. Je n’ai même pas eu le temps d’y réfléchir puisque nous étions déjà en route vers les danseuses Foulahs. Celles-ci étaient merveilleuses! J’aimerais tant pouvoir danser au rythme de la musique comme elles le font. J’ai demandé à maman si un jour je saurais danser comme elles et sa réponse fut un peu sèche. Je ne comprends pas pourquoi elle ne semblait pas être très contente. Pourtant, ces femmes sont semblables à celles que je côtoie quotidiennement, outre la couleur de leur peau. Elles semblaient chaleureuses et enjouées. Maman m’a dit qu’elles ne sont pas comme nous et qu’il faut se méfier de leur jolie apparence puisqu’on ne peut pas leur faire confiance. De ce que je peux comprendre, ces femmes sont plutôt des sauvages. Elles ne font pas les choses comme nous et ne sont pas aussi intelligentes que nous. Mais je ne sais pas si je comprends pourquoi. Lorsque nous nous éloignions des danseuses, j’ai pu apercevoir une fillette de couleur noire. J’aurais bien aimé pouvoir lui parler, mais maman m’a vite prise par le bras pour m’amener vers les restaurants.

Nous avons ensuite terminé la journée dans la section du parc d’attractions puisque j’adore les manèges! Malgré tout le plaisir que j’ai eu aujourd’hui, je pense toujours à cette fillette noire que j’ai aperçue. Je me demande si elle aussi aime bien jouer avec des poupées et si elle s’amuse avec ses copines à la marelle. J’ai essayé de demander à maman, mais elle me dit que cette petite fille n’est pas comme moi. Elle est sauvage et elle est d’une certaine façon plus près d’un animal que de nous. Je ne comprends vraiment pas comment, puisqu’elle me ressemblait mis à part la couleur de sa peau. Pourtant, maman doit avoir raison, car elle connaît tout plein de choses. Elle me dit que la mission civilisatrice des Français apporte tellement de bien à ces êtres.

Je suis ravie d’avoir eu la chance de visiter l’exposition. J’ai l’impression d’avoir appris beaucoup au sujet des gens d’ailleurs. J’ai hâte de pouvoir en parler avec mes copines ce week-end. Je me demande si elles aussi ont aperçu la petite fille…

Cynthia Daviault (FREN 312)

Bibliographie

Canal Blog. « Exposition coloniale 1931. » Clioweb le blog, http://clioweb.canalblog.com. Accédé

le 5 février 2017

Wikipedia. « Négritude. » Wikipédia l’encyclopédie libre,

https://fr.wikipedia.org/wiki/Négritude. Accédé le 5 février 2017.