Si La Rochelle…

Si La Rochelle était une fleur, elle serait un coquelicot, délicat et vif. Si La Rochelle pouvait chanter, elle chanterait les chansons des marins qui y ont vécu il y a des siècles. Si peu de temps après sa construction La Rochelle s’était effondrée dans l’océan, on aurait pu aujourd’hui découvrir une nouvelle Atlantide.

Si La Rochelle était une arme, elle serait une arbalète, ancienne et moderne, adaptable et traditionnelle. Si La Rochelle était un livre, ses pages jaunies seraient recouvertes de graffitis en forme de bateaux et de noms esquissés par les prisonniers des tours. Si La Rochelle était une femme, son mari serait le marais mais son amour serait l’océan.

Si La Rochelle était une fleur, elle serait une rose trémière, grande et forte contre le vent. Si La Rochelle était une roche, elle serait le calcaire dont ses murs sont faits, car le calcaire est formé de coquillages et unit la terre et la mer. Si La Rochelle avait murmuré dans l’oreille des voyageurs anciens, elle leur aurait raconté ses histoires et ses secrets.

Si la Rochelle était une sirène, elle attirerait les marins pour bien prendre soin d’eux. Si on avait écrit une ballade à propos de La Rochelle, on aurait chanté la construction de ses remparts et de ses tours, la maîtrise de l’homme et la colère de l’océan, une relation qui a toujours été à la fois prospère et destructrice.

Si La Rochelle était une fleur, elle serait une agapanthe, parce que ses racines s’enfoncent profondément dans le littoral.

Explication :

Pendant mon séjour à La Rochelle (La Rochelle Study Tour proposé par le département Modern Languages and Cultural Studies), j’ai fait une liste de musées à visiter avec une amie. Nous avons réussi à faire presque toute la liste—seule le musée de la Réformation n’était pas encore ouvert pour la saison touristique. Cependant, nous avons visité l’aquarium, le musée maritime, la musée des automates et des modèles réduites (beaucoup de bateaux !), la musée de l’histoire naturelle, la musée du nouveau monde et la musée des beaux-arts, ainsi que certains bâtiments historiques comme la Cloître des belles dames et l’Église Saint-Sauveur et nous avons beaucoup appris. L’histoire de La Rochelle se trouve partout dans la ville.

Je me souviens surtout des couleurs de La Rochelle, d’Aytré et de l’île de Ré. Les coquelicots poussaient dans la ruelle menant de la maison de ma mère d’accueil à la rue principale. « Agapanthe » est le nom donné par ma mère d’accueil, quand je lui ai demandé, aux fleurs violettes qui poussaient sur le littoral de la petite ville voisine d’Aytré. Les roses trémières de l’île de Ré avaient une couleur rose vif.

Les trois tours de La Rochelle ont été bâties de calcaire (ainsi que la plupart des murs et des bâtiments anciens) il y a des centaines d’années. Toutes les trois ont historiquement été utilisées pour enfermer des prisonniers pendant des différentes époques. Lorsque nous avons fait le tour des tours, la tour de la Lanterne hébergeait une exposition à propos du graffiti fait par les prisonniers. Le calcaire est une roche très molle, alors il était facile pour les prisonniers de faire des gravures sur les murs, habituellement en utilisant leurs chaînes. Les prisonniers étaient pour la plupart des matelots d’autres pays capturés et gardés jusqu’à ce que leur patrie paie leur rançon. Les gravures qu’ils ont laissées, pendant les années 1600 et 1700 surtout, étaient souvent des noms, des dates, et le nom du navire capturé, mais parfois il y avait des passages de la Bible ou des gravures très artistiques de bateaux, de canons, ou de fleurs—surtout de bateaux. Il faisait sombre et il faisait frais dans les tours, enfermés entre les murs de pierre. C’était difficile de respirer, car la poussière de calcaire flottait dans l’air et nous avons dû faire attention de ne pas trébucher sur les escaliers et dans les passages étroits taillés dans la roche car l’érosion au fil du temps a créé un plancher irrégulier.

Les modèles de navires dans Saint-Sauveur m’ont vraiment intéressée : près de ces modèles les familles des marins laissaient des offrandes et des prières pour le retour des navires et leurs équipages. L’histoire de l’océan et de la ville s’écrit partout dans La Rochelle. Les vieux bâtiments sont ornés de sculptures de bateaux et de coquillages.

Voici en un poème, quelques souvenirs marquants de mon séjour à La Rochelle.

Sofia Parrila