De Shakespeare et des Aztèques jusqu’aux cuisines d`un restaurant d’Edmonton

Dans Dalia, une odyssée, le personnage de Dalia était très complet et fort bien constitué. L’expression du visage de l’actrice traduisait parfaitement les émotions qu’une réfugiée somalienne exilée au Canada pourrait ressentir. Son emploi de femme de ménage dans un restaurant semble peut-être banal pour certains, mais il témoigne de la situation réelle de l’immigrant. Le personnage du sans-abri était aussi magnifiquement construit. Il sortait de l’ordinaire avec son unique chaussure, ses bouquins et sa culture savante. Il démentait en quelque sorte les stéréotypes véhiculés par la société. Que dire du rat? Fantastique! Comme plusieurs l’ont dit, le contraste entre la phobie de l’hygiène et la présence d’un unique rat d’Edmonton était très intéressant. Par la voix du rat, beaucoup de non-dits ont été dits. Si un personnage humain s’était occupé de crier haut et fort les tabous et les problèmes sociaux, plutôt que ce ne soit le rat qui les ait dénoncés, l’effet aurait été différent. C’était très bien songé de faire passer le message des problèmes crasseux de la société par un animal crasseux. Le théâtre dans le théâtre est dans le spectacle  complexe mais complet. J’ai toujours trouvé que la mise en abyme avait quelque chose d’intéressant puisqu’elle limite la passivité du spectateur. Lorsque celui-ci doit se concentrer sur une deuxième dimension du jeu, il ne peut simplement regarder. Il doit demeurer captif pour ne pas confondre les différentes histoires. Ici, nous avons assisté à une mise en abyme tridimensionnelle. Les personnages qui jouaient eux-mêmes de nouveaux personnages, avec une référence paratextuelle du rat qui justifie que tout est possible « puisque c’est du théâtre » ; c’était brillant! La scène où les deux fous de la reine (au second niveau les serveuses et au premier les acteurs) jouaient une pièce de Shakespeare (qui, rappelons-le a été écrite après l’époque des Aztèques) était très avant-gardiste. Les Aztèques de la mise en abyme étaient peut-être des prophètes ou des voyants…

Jessica Thiverge classe  Adram 249 Campus Saint-Jean

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