CSL : l’immersion à temps partiel

En 2002, forte d’un ou deux ans d’éducation en anglais, je suis arrivée à Kamloops de Corée. Je connaissais les chiffres, des expressions élémentaires, et du vocabulaire varié. Pourtant, malgré cette connaissance, j’étais impuissante lorsque mes nouveaux camarades m’ont bombardée de questions. « Je ne comprends pas » était ma seule réponse. Mais en un clin d’œil – c’est-à-dire quelques mois – je parlais anglais comme une locutrice native. La clé de ce succès était que personne d’autre dans mon école ne parlait coréen. Manifestement, il était obligatoire que j’apprenne l’anglais aussi vite que possible pour survivre dans la vie quotidienne, suivre des cours, jouer, et me faire des amis. Comme je n’avais pas le choix, je parlais anglais constamment, et bientôt j’avais maîtrisé la langue. En habitant une ville complétement anglophone, je suis parvenue à atteindre rapidement un haut niveau d’anglais.

Comme le démontre cet exemple, l’immersion linguistique accélère l’apprentissage d’une langue à une vitesse incroyable, et c’est cette idée qui sert de base au programme de Community  Service-Learning (CSL). Pour maîtriser une langue, il faut l’utiliser autant que possible. Parler à beau être simple, mais ce n’est pas facile quand presque personne dans la ville ne parle la langue qu’on veut pratiquer. Heureusement, les étudiants en français au Canada ont accès à une ressource précieuse : les communautés francophones. S’il n’est pas possible de vivre la langue, l’autre possibilité est l’immersion à temps partiel. Le programme CSL ouvre la porte de la communauté francophone aux étudiants en leur donnant l’opportunité de pratiquer leur français en dehors de la salle de classe.

Cette immersion dans un environnement français offre une expérience d’apprentissage intensive et unique. Pour commencer, les vingt heures de bénévolat requises signifient vingt heures de pratique de compréhension et de discussion en français. Bien évidemment, plus on converse en français, mieux on le comprend et on le parle. Ces heures servent aussi à appliquer ce qu’on a appris dans le cours, ce qui permet de consolider les sujets abordés. En outre, cette méthode est particulièrement efficace parce qu’elle est interactive. Quand on écoute la radio ou on utilise un programme comme Rosetta Stone, on apprend tout seul; c’est un apprentissage à sens unique. Par contre, avec le CSL, l’étudiant apprend en interagissant avec des locuteurs natifs. Ainsi, il reçoit des remarques immédiates comme des corrections de prononciation, et il progresse dans la conversation spontanée. Cette façon de pratiquer est bien plus engageante et enrichissante. De plus, on apprend comment parler naturellement, c’est-à-dire l’intonation, les gestes, les mots, les expressions et les mots d’argot courants. Finalement, un grand avantage du CSL est qu’on a l’option de demeurer avec l’organisme et continuer à pratiquer le français après que le cours soit terminé. Tous ces avantages rendent le programme CSL valable et profitable.

Pour autant que le programme ait ses avantages, le succès n’est pas garanti. La raison est que le succès du programme dépend de l’engagement de l’étudiant. Avec les scouts, par exemple, on peut décider de ne pas s’engager ; on n’est pas obligé de mener une activité ou de parler avec les enfants. En bref, on peut choisir d’être présent en corps, mais pas en esprit, mais alors on ne profitera pas de cette expérience. De ce fait, le choix de l’organisme est important. Il est indispensable qu’on trouve une forme de bénévolat qui pique l’intérêt, car la passion engendre la participation. Il importe aussi que le type de travail donne suffisamment d’occasions pour communiquer. Par exemple, il se peut qu’une personne qui travaille avec de grands groupes ait moins d’opportunité de parler, tandis qu’un étudiant faisant du CSL à Saint-Thomas aura beaucoup de conversations en tête-à-tête. En somme, les inconvénients potentiels du CSL sont l’incompatibilité et la qualité du bénévolat. Cela dit, pourvu qu’on fasse un effort sincère d’implication dans son rôle, les heures de CSL seront fructueuses pour l’amélioration de son français.

Personnellement, j’ai trouvé le CSL bénéfique et j’ai bien apprécié mon temps avec les scouts. Linguistiquement, je suis satisfaite d’avoir amélioré ma compréhension orale, qui a été toujours ma faiblesse. Je n’ai pas de problème à comprendre les professeurs de langues, qui parlent plus lentement en classe. Les animateurs de la radio, par contre, parlent tellement vite que j’ai du mal à les comprendre. Par conséquent, c’est bon de communiquer avec les gens à un bon rythme. Quant à l’enrichissement culturel, je suis parvenue à mieux apprécier le besoin de préserver la culture francophone et la langue française. L’anglais est assurément la langue dominante en Alberta, mais j’étais étonnée de l’entendre parler par un groupe de francophones. Je crois que la prédominance de l’anglais dans les medias tels que les émissions, la musique, et les films populaires influence les enfants à préférer l’anglais. De plus, la plupart de services dans la fonction publique sont seulement disponibles en anglais. Il est possible que cela donne aux enfants l’impression que la connaissance du français n’est pas estimée par la société ou simplement pas nécessaire. Si c’est en fait le cas, il faut qu’on agisse; j’aimerais que les jeunes francophones soient fiers de parler leur langue d’héritage. Aussi, je souhaite que le gouvernement continue à promouvoir le bilinguisme au Canada.

En conclusion, le CSL est un outil indispensable pour les étudiants en langue, car il fournit une expérience qui est linguistiquement et culturellement enrichissante. J’ai bien profité de ce mode d’apprentissage qui est engageant et permet aux étudiants d’appliquer ce qu’ils ont appris en cours dans la vraie vie. Pour l’avenir, j’opterais toujours pour la classe avec la composante CSL. Je comprends maintenant que c’est vraiment en forgeant qu’on devient forgeron.

Diana Bark

Leave a Reply