Indigènes : les oubliés de l’histoire

Moins d’une semaine avant le jour du Souvenir, les organisateurs de Cinécopains présentaient un film sur l’implication et le traitement des soldats volontaires nord-africains dans l’armée française durant la Seconde Guerre mondiale. Je trouve qu’il est important de comprendre et d’honorer la grandeur du sacrifice qui a été fait par ceux qui se sont battus au nom de la liberté dont nous jouissons aujourd’hui. Mais comme cela est trop souvent le cas, même du côté des Alliés, des abus ont été commis et la vérité a été obscurcie sous des prétextes de supériorité basés sur un racisme et une méchanceté impardonnable. Avec le film Indigènes, j’ai découvert un autre exemple dégradant du niveau de bassesse dont l’homme est capable vis-à-vis de ses semblables.

Dans ce film, nous suivons le parcours de quatre soldats qui ne manquent surtout pas de courage, mais qui ont de la difficulté à accepter les injustices dont ils sont victimes. En effet, nous apprenons très tôt que nos quatre héros, ainsi que leurs compagnons d’armes venant d’autres colonies françaises d’Afrique, vont assaillir le flanc d’une montagne fortifiée par les nazis, et ce, simplement dans le but de rendre l’artillerie allemande visible pour des frappes aériennes. Ils sont utilisés comme chair à canon, ni plus ni moins. Le récit se poursuit et nous découvrons que les soldats français ont droit à des privilèges allant du simple droit de manger des tomates quand il y en a jusqu’à des permissions et à une pension de vétéran. Toutes ces choses furent interdites aux combattants nord-africains qui se battaient pourtant sous la bannière française prônant liberté, fraternité et égalité.

Je ne pouvais cesser d’admirer le courage des protagonistes dont l’allégeance envers la France, qui n’était même pas leur pays, se voyait constamment remise en question. Il m’est revenu rapidement à la mémoire que le côté des vainqueurs se permet d’écrire l’histoire et je pense sincèrement que cette partie du passé méritait et mérite toujours d’être rectifiée.

La présentation du film a eu lieu au Central Academic Building de l’Université de l’Alberta ce qui m’a permis de rencontrer des francophones que je connaissais et de pratiquer mes talents de traducteur. En effet, le film était sous-titré en anglais. La traduction du français vers l’anglais m’a forcé à me demander quelles sont les contraintes reliées au sous-titrage parce que plusieurs traductions n’étaient à mon avis pas tout à fait justes. Je me suis dit qu’il devait y avoir une raison forçant les traducteurs à utiliser une phrase plutôt qu’une autre. En fait, j’ai cessé de lire les sous-titres français-anglais pour ne lire que les sous-titres arabes-anglais. En effet, je voulais pouvoir profiter du moment présent et ressentir les émotions que le réalisateur voulait transmettre, mais la traduction me déconcentrait.

Somme toute, Indigènes est un film puissant qui révèle un secret bien gardé et qui nous force à nous interroger sur la façon dont les pays colonisateurs ont agi et continuent d’agir jusqu’à aujourd’hui.

François Perron (FREN 254)

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