L’Homme de la Mancha et les surtitres – Deanna Kayne

Par Deanna Kayne

 

 

 

 

 

Avril-Aout 2012,

La pièce « L’Homme de la Mancha » est bien évidemment inspirée du roman espagnol Don Quichotte.  L’adaptation américaine a été créée en 1965 sous forme de comédie musicale. En 1968, Jacques Brel a écrit la version française de cette pièce intitulée « L’Homme de la Mancha». Cette pièce a connu un trajet historique plurilingue. Ses représentations à Edmonton à l’Unithéâtre, du 9 au 19  février 2012, étaient profondément fidèles à cet aspect plurilinguistique. Cette adaptation de Brel a été présentée avec des surtitres en anglais.

À travers les surtitres et les accents des acteurs francophiles, la  richesse de cette pièce a été valorisée de nouveau. Généralement, les surtitres en anglais jouaient un rôle important pour le public anglophone. Dans une ville à majorité anglophone, le théâtre en français doit être complaisant envers les amateurs de théâtre qui ne comprennent que l’anglais. Les surtitres ont été utiles à de nombreuses reprises au public anglophone. Avec la représentation de « L’Homme de la Mancha », les surtitres ont servi également aux francophones. D’après Shavaun Liss, l’étudiante qui a créé les surtitres pour la pièce : « les surtitres (s’ils sont bien faits) protègent la dualité linguistique parce qu’ils permettent toujours aux spectateurs d’entendre la pièce dans son format et sa langue originelle ». En plus, la présence des acteurs francophiles apporte une importance spéciale aux surtitres.

Quelques jours avant la soirée d’ouverture, à la première chaine de Radio Canada, deux annonceurs francophones discutaient des surtitres de cette pièce. Ils commentaient le fait que la plupart des acteurs dans la pièce étaient des francophiles. Ils se souciaient de pouvoir bien comprendre les paroles de la pièce à cause de l’accent anglophone des acteurs.

À ce sujet, Guido Tondino, le metteur en scène, a affirmé avoir choisi plusieurs acteurs francophiles parce que la pièce se déroule dans une prison espagnole où il y aurait eu des prisonniers venant de partout (Desjardins). Aussi, ces surtitres étaient-ils à la fois adressés aux anglophones peu familiers avec le français, mais aussi aux francophones bilingues qui craignaient de ne pas comprendre l’accent des acteurs.

En plus des accents anglophones, il y avait un personnage espagnol dans cette pièce française campé par un acteur francophile, Sheldon Elter. La clarification qu’apportaient les surtitres dans ce cas a atteint un niveau de contact linguistique intéressant. Ainsi, les surtitres ont servi à de multiples fins dans cette représentation.

Un autre aspect important de cette représentation est la traduction. Entre le français et l’anglais, il y a une grande différence de souplesse et de précision. En anglais, il est souvent possible de décrire une pensée en moins de mots qu’en français. G. Tondino a trouvé que « la version de Brel [c’]est beaucoup plus claire, beaucoup plus précise » (Desjardins). En raison de l’ajout de mots et du fait de la précision du français, la pièce est devenue plus claire, plus précise et aussi plus longue. Cette différence dans la quantité de mots a rendu difficile à synchroniser les surtitres et les paroles. Les surtitres correspondent à la vitesse des paroles des acteurs sur scène. La personne chargée des surtitres pour cette pièce a dû les faire défiler en respectant les répliques des acteurs en temps réel.

En somme, les surtitres dans cette représentation étaient importants aussi bien pour les anglophones que pour les francophones. De même, l’accent espagnol a pu être bien compris grâce aux surtitres. La différence de souplesse et de précision entre le français et l’anglais a constitué un défi pour la présentation des surtitres et la traduction de la pièce.

Lire l’entretien par courriel avec Shavaun Liss (25 juin 2012)

Leave a Reply