Katmandou

Je me couche à Katmandou au mitan de la nuit avec les rires des touristes célébrant leur joie de vivre et la chorale des chiens de rue célébrant leur joie de survivre. Il n’y a aucune nuit sans que le son des sérénades ne se fasse entendre, sans que les lamentations des bêtes affamées ne remplissent l’air.

Quand je me lève tout ce brouhaha nocturne est remplacé par un silence tranquille, aucun bruit sauf la douce sonnerie des fidèles effectuant leurs rites quotidiens. Je sors de mon lit, cherchant leur présence. Les rues du quartier touristique sont mortes le matin, vide d’humains mais remplis des signes de leur présence, signes en anglais promettant des services et produits de bonne qualité.

En marchant dix minutes, je quitte le quartier moderne et entretenu pour me retrouver sur une place ancienne, avec de beaux immeubles construits il y a une centaine d’années. Toutes ces maisons et petits magasins sont éclectiques, unis seulement par la rue. Au centre de la place se trouvent un temple et un stupa, l’un hindou et l’autre bouddhiste, qui se côtoient paisiblement. Le temple est simple et fait de roche, un petit bâtiment à quatre murs et sans toit, qui loge de petites statues de Krishna. Le stupa est un dôme dont le sommet est en pointe. Les yeux remplis de bonté de Bouddha nous regardent du point le plus haut du stupa.

Les femmes de la ville errent autour de ces deux lieux de culte, tournant les moulins à prières et frottant les fronts des dieux en leur offrant un mélange de riz et de poudre rouge et orange. Après avoir satisfait les dieux, elles mettent une petite goutte du mélange rouge sur leurs tempes et elles amènent ce qui reste à la maison pour bénir leurs enfants en les réveillant. Ces rites qu’elles font chaque matin imitent ceux des générations anciennes de femmes, chacune remplissant ses obligations spirituelles pour protéger et bénir sa famille.

Les hommes de la ville s’assoient sur les quais des ports, buvant leur chai chaud en observant les femmes. Je m’assois aussi, mais à l’écart et, ensemble, nous sommes témoins d’une scène intemporelle. Il n’y a aucune trace de technologie moderne, les vêtements des gens sont faits à la main et le seul maquillage qui s’offre à la vue, est celui des anneaux au fusain encerclant les yeux des hommes ainsi que ceux des femmes. Le seul indice de modernité est ma présence étrangère, mais même cela est ignoré, chaque femme étant absorbée par sa routine et chaque homme se concentrant sur son chai et les tâches que le jour amène.

Quand le soleil est entièrement visible, les gens de la ville se dispersent, retournant à leur maison ou à leur emploi, la lumière à leurs talons. Les touristes se lèvent et les bruits de la vie quotidienne reviennent et remplissent l’air avec les marchandages et les cris. Je me lève et quitte le quai, revenant au présent, au monde moderne.

Elizabeth Yu

FREN 310

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