Le bénévolat : un outil pour promouvoir l’inclusion

La proposition de changer le nom de l’Association Canadienne-Française de l’Alberta (ACFA) en Association Canadienne Francophone de l’Alberta a suscité une polémique qui mettait en évidence la division dans la communauté franco-albertaine (Mulatris 145-147). Selon ceux qui s’opposaient au changement, le nouveau nom mettrait l’identité canadienne-française à l’arrière-plan. On s’inquiétait que les pionniers canadiens-français, qui ont dû lutter contre l’assimilation, tombent dans l’oubli. Ceux qui appuyaient la proposition faisaient valoir que l’identité canadienne-française exclut les migrants francophones : puisque l’ACFA est l’organisme porte-parole de la francophonie albertaine, elle devrait reconnaître la diversité croissante de la communauté. Le débat a aussi attiré l’attention sur les défis auxquels les nouveaux arrivants font face, dont l’isolation et le racisme. Ces problèmes sociaux renforcent l’importance du respect, de la tolérance et d’une identité franco-albertaine qui est à la fois diverse et unifiée.

Mon expérience de Community Service Learning (CSL) m’a donné l’opportunité de travailler avec trois organisations locales qui valorisent toutes leurs bénévoles, peu importe leur origine. En les prenant comme exemple, je proposerai une stratégie d’inclusion qui pourrait réduire la tension au sein de la francophonie albertaine.

Le service de distribution des denrées à CANAVUA (Volontaires unis dans l’action au Canada) favorise la transition des nouveaux arrivants à Edmonton et donne aux bénévoles la chance de s’engager dans la communauté. Ce service fournit de la nourriture à ses clients pour qu’ils puissent s’ajuster à leur nouveau pays sans s’inquiéter que leurs besoins essentiels ne soient pas comblés. On est prêt à accommoder tous les clients : par exemple, on ne donne que des aliments halal aux clients musulmans et on accueille ceux qui ne parlent pas le français. Cette démarche favorise le respect d’autrui à travers la sensibilisation aux différentes cultures. CANAVUA est aussi un carrefour de partage et de contributions. Beaucoup de bénévoles sont des migrants francophones; le bénévolat leur permet de s’enraciner dans la ville et de continuer à utiliser le français. Certains ont aussi utilisé les services de la banque alimentaire; le bénévolat leur donne l’opportunité de redonner à la communauté. À CANAVUA, tout le monde a un rôle important à jouer.

Puisque CANAVUA est située dans La Cité francophone, elle met ses clients et bénévoles en relation avec d’autres organisations utiles qui s’y trouvent, dont Accès Emploi, le Centre d’Accueil et d’Établissement et la Coalition des Femmes. Grâce à CANAVUA, j’ai pu me diversifier en faisant du bénévolat pour l’Association pour le reboisement, l’agroforesterie et la santé communautaire (ARASCO) et pour African Fashion Week.

ARASCO est dirigée par M. Blaise Omalanga et vise à éduquer les gens sur la santé publique et la gestion durable des ressources naturelles. Au lieu de se limiter à la francophonie, ARASCO sollicite l’aide des bénévoles bilingues pour mieux se faire connaître. J’ai préparé un dépliant bilingue qui a été distribué lors d’une présentation. En se rendant ainsi accessible au monde francophone et anglophone, ARASCO crée un espace de discussion dans lequel les problèmes sociaux peuvent être abordés. Que nous soyons canadiens-français, francophones ou anglophones, la santé et l’environnement nous concernent tous et on en profite quand on peut partager nos avis sur ces sujets. Puisque l’organisme maintient un lien avec le Congo, où il a commencé, il témoigne également du fait que les relations interculturelles ne nous obligent pas à renoncer à nos origines.

Sur le plan économique, African Fashion Week, aide les entrepreneurs locaux à se faire remarquer. L’évènement annuel est organisé par Gilles Wouanko, un francophone d’origine camerounaise (« About »). Toute comme ARASCO, qui ne se ferme pas au monde anglophone, M. Wouanko invite les médias francophones et anglophones à couvrir l’évènement. De cette manière, on élargit le marché sur lequel les entrepreneurs peuvent mettre leurs produits et on permet un riche échange d’idées. L’évènement met l’accent sur la culture et la mode africaines, ce qui enrichit davantage la connaissance du public de l’entrepreneuriat international.

Que nous soyons canadiens-français, francophones ou anglophones, l’engagement communautaire nous fait tous du bien et nous avons tous besoin de nous faire comprendre. À mon avis, les Canadiens-français et les migrants francophones ont encore plus en commun, car ils parlent la même langue et doivent résister à l’assimilation. Cependant, la ségrégation et l’exclusion ne sont pas la solution : afin de préserver une culture, il faut savoir comment s’adapter et comment inviter les autres à l’apprécier. Il ne suffit pas de changer le nom de l’ACFA : il faut encourager le respect mutuel, ce qui se fera avec un esprit ouvert.

Lisa Grondin (FREN 312)

Bibliographie

Mulatris, Paulin. (2009). « Francophonie albertaine et inclusion des nouveaux arrivants : post mortem à un débat sur un changement de nom. » Journal Of International Migration & Integration, 10(2), 145-158. Imprimé.

« About African Fashion Week Edmonton. » Luxure Productions. Web. 7 avril 2016.