Les Blues des Oubliées : lutter pour son identité

La pièce Les Blues des Oubliées de Pierrette Requier, mise en scène par Brian Dooley, a été présentée du 14 au 17 octobre et du 21 au 24 octobre 2015 au théâtre de La Cité francophone. J’ai eu l’occasion d’assister à un des derniers spectacles, le 22 octobre.

Écrite comme poème avec une tonalité dramatique, Les Blues des Oubliées est une bonne représentation de la lutte des Franco-Albertains pour définir leur identité. C’est l’histoire d’une femme, décrite dans la pièce comme la « chercheuse », qui se souvient de la vie de sa mémère (grand-mère paternelle), une immigrante de l’île de Jersey au début du 20e siècle, tout en réfléchissant à sa propre vie. Non seulement est-ce l’histoire de la lutte des Franco-Albertains pour se définir dans un contexte majoritairement anglophone, mais c’est aussi une réflexion sur l’importance des femmes dans la construction de notre pays. À la fois dramatique et humoristique, cette pièce montre bien les difficultés des femmes à se définir à la fois en tant que Franco-Albertaines et que figures importantes de l’histoire.

La façon dont la scène a été utilisée pour raconter l’histoire m’a vraiment marquée. Bien que la scénographie soit assez simple, avec des draps qui pendaient sur des cordes à linge et des balançoires des deux côtés de la scène, elle était très efficace. Des petites séquences vidéo ont été projetées sur les draps, renforçant le ton historique de la pièce lorsque la mémère racontait des histoires. La simplicité de la scène a vraiment permis aux comédiennes et aux danseuses de jouer avec l’espace.

L’usage des sous-titres était aussi un aspect intéressant de la performance. La pièce était bilingue, ce qui était une bonne façon de représenter le dualisme de la culture franco-albertaine. Parfois, les comédiennes devaient changer de langue au milieu d’une phrase, donc c’était parfois utile d’avoir ces sous-titres comme point de référence. C’était intéressant en tant que traductrice de voir les choix de traduction. En effet, l’art de la traduction de ce type de texte est complexe, puisque le traducteur doit rester fidèle au texte initial tout en gardant la traduction assez courte pour que le public puisse la lire en regardant la pièce.

En somme, j’ai beaucoup appris lors de ma soirée au théâtre. La pièce m’a donné un nouvel aperçu de l’identité franco-albertaine, surtout selon une perspective féminine. Elle m’a montré que l’identité est quelque chose de fluide, comme le vent qui souffle sur les vastes plaines des Prairies. Je pense que la chose qui m’a le plus marquée était l’ambiance de la pièce. En effet, j’ai remarqué que le public comptait non seulement des francophones, mais aussi des anglophones (et des francophiles comme moi). J’étais contente de voir que, même si la culture francophone est minoritaire dans une ville comme Edmonton, elle est encore soutenue par des anglophones qui aimeraient en apprendre davantage au sujet de la situation des francophones.

Haley Gynane (FREN 254)

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